Retour de l’Enfer

 

Il y a 9 ans, je fis la connaissance d’un homme via un site de rencontres où je venais tout juste de m’inscrire. Un homme qui allait me mener en enfer.

Séparée depuis plusieurs mois, j’avais « passé l’éponge » et j’étais prête à renouer une relation sérieuse.

Femme de caractère, réfléchie et généreuse, j’avais toujours mené ma barque sans problème et je n’étais pas du genre à me faire manipuler !

 

Dès le début, les choses ont été très vite. Après un rapide échange de mails, il me téléphonait afin de fixer un rendez-vous. Sa voix n’avait rien d’extraordinaire, un fort accent et un défaut de prononciation m’avait un rien refroidie mais son rire me fit immédiatement fondre. Il paraissait très sympathique et sûr de lui.

 

Le rendez-vous fut fixé pour le lendemain, il avait beaucoup de disponibilité, ce qui était un bon point à mes yeux.

Il avait eu l’agréable attention de me demander quelle était ma tenue préférée pour un homme afin qu’il puisse me faire plaisir. Vraiment, cet homme était charmant.

Lorsque je le vit, nonchalamment accoudé au bar un sourire ravageur traversant son visage, je fus littéralement frappée d’un coup de foudre. J’en restais sidérée, la bouche ouverte comme un poisson à l’étalage, je pus à peine avancer vers lui. Son physique n’était pas celui d’un top modèle mais il dégageait un charisme incroyable.

Je le reconnu instantanément, c’était lui mon alter égo, celui dont j’avais toujours rêvé, celui qui était fait pour moi.

Manifestement, je ne m’étais pas trompée, nous nous étions « trouvés » car une heure plus tard, nous réservions déjà des billets d’avion pour un week-end en amoureux.

 

Ah ça de l’égo il en avait. A revendre. Pour le reste, la foudre avait déjà fait des dégâts, elle continuera à en faire … mais je ne le saurai que bien plus tard.

 

Tout se passait bien durant 1 mois. Nous nous voyions souvent, il me téléphonait plusieurs fois par jour, j’étais aux anges … tout ce dont j’avais rêvé. Un homme parfait.

 

Puis, insidieusement, vinrent des petites vannes, dites « plaisanteries ». Dans un premier temps, je ri. Jaune un peu tout de même car certaines étaient plutôt vexantes.

Peu à peu les vannes se firent plus piquantes, voir carrément méchantes et cela surtout en public. Je me vexais mais cela n’arrangeait pas les choses, bien au contraire. J’étais susceptible pour rien et pas drôle. « Que vont penser mes amis, tu ne vas pas me faire honte ? »

Ah ses amis … et surtout ses amies, ses ex avec qui il restait toujours en bon terme. Il en avait beaucoup, il connaissait la moitié de la terre ! Tous les trouvaient super sympa, génial et j’en passe … Dès qu’il arrivait quelque part, il brillait de mille feux. J’étais fière d’être avec un homme aussi sociable et reconnu, cependant je me rendis vite compte que j’étais totalement transparent à ses yeux dans ces moments là.

 

Le travail de destruction avait commencé. Il ne finira jamais.

 

Il décidait de tout. Tout le temps, que cela me plaise ou non ! « Si cela ne te plaît pas, tu n’as pas besoin de venir. Moi j’y vais ». Point barre. J’y allais donc aussi …

Monsieur avait une propension a lever le coude. Souvent. Trop peut-être …

Combien de fois ne l’ai-je pas rentré « bourré comme un pti lu » ? Combien de fois ne me suis-je pas endormie au coin d’un bar ou sur le canapé d’un copain parce qu’il ne voulait pas rentrer ? Je n’avais aucune importance, seul lui comptait.

 

Il avait trouvé mon point faible, ma jalousie. Autant dire qu’il avait trouvé un véritable terrain de jeux en me provoquant sans cesse au lieu de me rassurer.

Son jeu préféré était de laisser « traîner » des objets féminins ou numéros de téléphone à des endroits où je ne pouvais pas les manquer. Il devait se réjouir d’avance de ma réaction qui ne se faisait jamais attendre. Trop drôle !

Je ne parle même pas de ses comportements lorsqu’il était entouré de la gente féminine qui bavait devant lui. Un vrai coq. Cela ne le dérangeait nullement de les draguer ouvertement, voir de leur demander leur numéro de téléphone.

Il niait farouchement à mes doutes ou avait une « bonne excuse », de toute façon je faisais des histoires pour rien, comme d’habitude. « Tu te fais des idées, tu vois le mal partout, c’est des copines » me disait-il. Il n’allait pas le supporter longtemps. J’étais une vraie parano qui devait se dépêcher d’aller se faire soigner. Ce que j’ai fait. Une année et demie de thérapie pour pas grand-chose, vu que je n’étais pas parano.

Jamais, absolument jamais, je n’ai pu contre carrer ses excuses ou le prendre sur le fait. C’était un vrai expert !

 

Nous nous disputions régulièrement et j’avais toujours tort. Tout était toujours de ma faute. Je l’avais énervé, fâché, pas cru, etc … j’étais juste insupportable.

Je fondais régulièrement en larmes, le suppliant de m’excuser (pour ce que je n’avais même pas fait !), en lui promettant tout ce qu’il voulait.

Il n’a jamais eu une parole de réconfort, un geste de compassion et je n’ai jamais autant pleuré de ma vie.

 

J’ai fini par en parler à certains de ses amis. Grave erreur !

Eux ne voulait rien savoir (et pour cause) et il fini par le savoir … il entra dans une colère folle.

Une de plus. J’avais fini par avoir peur de lui, de ses colères, de ses réactions. Plus j’avais peur, plus je me sentais petite, fragile et à sa merci comme un animal blessé pris au piège. J’avais peur en permanence.

 

Pourtant, il pouvait se montrer si gentil, si attentionné et si agréable. Je l’adorais comme jamais je n’avais aimé un homme.

Notre vie intime était un feu d’artifice, nous nous entendions à la perfection. Mieux n’aurait pas été impossible.

Pourtant au bout de 8 mois, Monsieur, fit tout à coup la fine bouche. Il était fatigué. Il avait la migraine. Ce n’était pas le bon moment. Il était saoul. Il était saoul. Et il était saoul. Il m’évitait autant que possible. Pourquoi ?

Les provocations, les vannes, les humiliations allaient bon train. Il faisait souffler le chaud et le froid en permanence et moi je commençais sérieusement à me sentir mal mais je ne voulais pas le voir, je l’aimais tant.

 

Quelques mois passèrent, dans cette même ambiance « douche écossaise ». Nous étions sur le point de partir en voyage en mer. Cela n’a été qu’au moment où je me suis assise dans l’avion que j’ai été sûr de partir ! C’est dire à quel point j’étais en insécurité par rapport à ses réactions. Et ce voyage a bien failli me coûter la vie.

Nous nagions dans le grand bleu lorsque je fus prise de panique. Il me faisait des signes que je ne comprenais pas, je me débattais de plus belle, je ne pouvais plus me contrôler tant la panique était forte. Il fini par m’attraper et me ramena sur le bateau, puis …. reparti immédiatement à l’eau, sans plus d’égards pour moi. Il me laissant là, seule avec mon désarroi et ma peur.

 

Je n’en pouvais plus, je m’enfonçais dans le néant. J’en avais assez de ces querelles et de cette insécurité permanente, j’avais mal, très mal.

Aussi je lui proposais de faire un « break » de quinze jours afin de réfléchir sur nous, sur notre couple. A notre avenir !

Dès le 2ème jour, il me manquait déjà. Je me trouvais dans un état de manque comme un drogué qui n’a pas eu sa dose. J’avais encore plus mal de ne pas le voir. Je l’aimais tant !

Je passais chez lui après les 2 semaines comme convenu. J’étais dans tous mes états ne sachant pas quelle décision il avait prise (hormis l’envoi d’un sms « tu me manques »). Moi je savais que je ne voulais pas le quitter !

Lui aussi était dans tous ses états … encore saoul de la soirée qu’il venait de passer. En fait de réflexion, il avait passé 2 semaines à errer dans les bars et à draguer tout ce qu’il pouvait.

« je n’avais pas la tête à réfléchir ». J’en restais sidérée.

Nous avons continué ensemble encore 2 mois. 2 mois horribles où il n’a eu de cesse de me torturer mentalement. 2 mois de trop. 2 mois jusqu’à l’ultime provocation. Elle était tellement insupportable pour moi que, soit je le quittais cette fois pour de bon, soit je finissais très vite en maison de repos. J’étais à bout, humiliée en permanence, anéantie, presque morte de souffrances, au bord de la folie.

 

J’ai eu un sursaut de survie (je suis une battante), je pris un grand sac, mis toutes ses affaires dedans et les lui déposais un matin derrière sa porte. La lettre jointe signait la fin des hostilités.

8 mois de dépression et toujours l’espoir qu’il me revienne.

 

Puis la vraie vie a gentiment repris le dessus, je m’en suis sortie, j’ai continué mon chemin et je l’ai oublié. Si tant est que l’on puisse oublier.

En revanche, le mal qu’il m’a fait s’est encré au plus profond de moi. Depuis je ne peux plus m’abandonner dans les bras d’un homme.

Je lui avais donné mon corps et mon âme et il les a détruits.

 

6 ans plus tard, je reçois un sms de sa part. Surprise, je lui dis qu’il s’est trompé de destinataire. Mais non, il aurait aimé partager un verre de l’amitié (!!!) avec moi, il reste toujours en bons termes avec ses ex. Oui, ça je le savais bien …

J’avais passé l’histoire derrière, j’avais refais ma vie, lui aussi et je ne voyais pas de mal a aller boire un verre avec lui. Il avait certainement changé depuis le temps … Quelle idée bien naïve !

 

C’est ce soir là, 6 ans après, qu’il a essayé de me violer … après le verre de l’amitié.

 

Laura